Le blog d'Olivier FAURAX

Beaucoup de gens ne savent pas trop ce que je fais dans la vie, ou alors de façon très vague.

Voici un petit résumé "grand public" de ce qu'est une thèse, et du sujet de la mienne.

C'est quoi une thèse ?

Une thèse (ou doctorat) est une formation par la recherche qui peut être faite à l'issu d'un Bac+5 Recherche (DEA). Il y a quelques années, des dérogations pouvaient être obtenues pour des DESS ou des diplômes d'ingénieurs, mais c'est quelque chose de plus en plus difficile actuellement.

Le thésard est toujours un étudiant, il est inscrit à l'université par l'intermédiaire de son école doctorale. La durée d'une thèse peut aller de 2 à 4 ans, mais c'est généralement 3 ans. Une thèse est considérée en France comme un Bac+8. La thèse (doctorat) représente le "D" du système européen LMD.

Le thésard doit avoir un financement (il y a des exceptions, mais c'est rare et fortement déconseillé). Ce financement est appelé "bourse" à tord, puisque c'est plutôt un salaire (impôts,...).
Oui, une thèse c'est PAYÉ.
J'ai trouvé une page qui recense les montants de bourses de thèses.
Il y a de fortes disparités entre les montants de ces "bourses" : de 1300€ brut pour les bourses ministères à 1700€ brut pour celles qui sont réalisées en collaboration avec une entreprise (CIFRE).
Ça peut paraître beaucoup, surtout si on sait qu'une thèse c'est la sécurité de l'emploi pendant 3 ans, mais il faut se rappeler que cela s'adresse à des Bac+5.

Chaque financement a ses propres contraintes : une entreprise qui a un Bac+5 sous la main aura peut être tendance à vouloir le "rentabiliser" en le faisant travailler sur des projets par forcément très axés sur la recherche, alors qu'un thésard en bourse ministère aura plus de mal à nouer des contacts avec le monde de l'entreprise.

Parlons des débouchés, justement. Je n'ai pas d'expérience, étant donné que je suis encore en thèse, mais j'ai lu pas mal de choses à ce sujet.
Il y a 2 débouchés principaux : l'enseignement et l'entreprise.
Une thèse permet de postuler aux postes de maître de conférence dans les universités et écoles d'ingénieur.
Côté entreprise, les docteurs sont moins bien considérés sur le marché du travail que ce qu'ils valent réellement. Il est difficile de valoriser les 3 ans de formation comme une expérience professionnelle. Néanmoins, les atouts d'un docteur sont nombreux : capacité d'innovation et d'invention, veille technologique, capacité à passer d'une possibilité théorique à une réalisation pratique, endurance et compétences transversales (technique, communication, ...).

Mon environnement de thèse

J'ai pu faire une thèse après mon diplôme d'ingénieur parce que j'ai fait un DEA en même temps que la troisième année de la formation d'ingénieur.

Je suis inscrit à l'école doctorale d'Aix-Marseille 2 (Méditerranée), mais je fais ma thèse dans les locaux du Centre Georges Charpak à Gardanne (Mines de St Étienne).
Je travaille en collaboration avec STMicroelectronics implanté à Rousset, même si je suis le plus souvent à Gardanne.

J'ai commencé en Novembre 2004, je suis donc à peu près à la moitié. Côté financement, je suis payé par les Mines de St Étienne qui reçoivent le salaire du Conseil Général dans le cadre du projet Rousset 2003-2008. C'est un projet de R&D en collaboration avec STMicroelectronics.
J'ai une bourse plutôt confortable : 1650€ brut (19,8 k€ brut) ce qui fait du 1350€ net.

Au sujet de fonctionnement, je passe la plupart de mon temps à Gardanne, et je dois aller un jour toutes les 2 semaines chez ST à Rousset, ainsi qu'un jour par semaine à Luminy où est mon directeur de thèse.

Ça, c'est la théorie. En pratique, j'y vais quand j'ai besoin et j'ai peu de contraintes.

Le sujet de ma thèse

Bon alors là, je vais essayer de vulgariser, mais c'est pas facile.

Vous avez déjà tous vu des puces électroniques : c'est des petites boites noires avec des pattes en métal sur les bords.

Certaines puces sont utilisées pour faire de la cryptographie.
Par exemple, elles contiennent une clé secrète qui permet de chiffrer/déchiffrer des messages.

Si la clé est révélée à des attaquants, ils pourront chiffrer/déchiffrer les messages.
C'est pourquoi les méthodes d'attaques doivent être testées. Il y a plusieurs types d'attaques : consommation de courant (on regarde la consommation électrique de la puce), attaque sur le temps d'exécution (on mesure le temps d'exécution), etc.

Un autre type d'attaque (attaque en faute) consiste à pointer un laser sur la puce pour la faire "déconner".
Sous l'effet du laser, la puce "s'affole" et donne des résultats faux. Il existe ensuite des méthodes de cryptologie (étude de la cryptographie) pour calculer la clé en utilisant les résultats correct et faux (c'est assez complexe, mais c'est possible sous certaines conditions).

Pour éviter ça, on ajoute au circuit des protections pour vérifier les résultats, et mon sujet de thèse, c'est de savoir si ces protections sont efficaces par rapport à ce qu'elles coûtent (le circuit étant plus gros, c'est plus cher à produire).